Plus engagé pour la cause ou pour leur image ?

Mais il arrive parfois que les intentions de certains artistes ne soient pas celles qu’ils voudraient nous faire croire. Prenons l’exemple de Bono. Paul Hewson, de son vrai nom, est le leader de groupe de rock irlandais U2, depuis bientôt 40 ans. Lorsqu’en 90, il s’engage pleinement dans l’humanitaire, il est adulé de tous. C’est la première fois qu’un homme si riche et si célèbre se consacre aux autres et donne ainsi l’envie aux autres artistes de suivre son exemple. Pourtant, depuis quelques temps, ses actes sont critiqués. En effet, « l’ambassadeur des pauvres » serait accusé de trop prendre la parole à la place de ceux qu’il doit défendre et de ne pas assez bien exprimer leurs besoins. Comme, par exemple, lors du G8 en Écosse (2005) où lui et Robert Geldof (chanteur irlandais), avaient sympathisé avec le premier ministre britannique et le président américain (Blair et Bush, à l’époque) en les félicitant pour leur « boucherie irakienne ». Les militants africains présents les avaient alors accusés « de confondre leur campagne pour la justice mondiale avec un vaste mouvement de charité » (cf Courrier international). De plus, l’ONG One, cofondé par Bono et d’autres militants, est depuis quelques temps le centre d’une polémique.

C’est une question difficile à laquelle nous ne pouvons fournir qu’une réponse mitigée. Nous ne pourrons jamais vraiment connaitre les intentions de chaque artiste impliqué dans l‘humanitaire. Nous allons donc essayer de peser le pour et le contre et de donner une réponse qui, nous l’espérons, répondra au mieux à cette question.
Depuis quelques temps, les artistes mondialement connus engagés dans l’humanitaire perdent la reconnaissance acquise dans les années 90 et se font de plus en plus critiquer. Le public les accuse de servir cette cause dans le seul but de parfaire leur image. En effet, aider son prochain en donnant de son temps et de son argent en étant célèbre permet de faire bonne figure devant le monde entier. Cela permet aussi de faire parler de soi, de faire la une d’un magazine et de passer pour une « personne au grand cœur ».
Certains artistes ont bien compris que pour faire parler de soi, il faut servir les autres. Il est donc très fréquent pour un artiste avec une cote de popularité en baisse ou en mal d’attention de se jeter au devant de la scène humanitaire. Cela permet de se rappeler aux bons souvenirs du public et de s’acheter une conscience par la même occasion. Bien heureusement, ceci n’est pas le cas pour tous les artistes.
Certains artistes engagés dans la cause humanitaire jouissent déjà d’une reconnaissance aux yeux du grand public et se servent de cette image pour aider les plus démunis. C’est le cas des « Ambassadeurs de bonne volontés » de l’ONU. Depuis 1950, des personnalités de stature internationale prêtent leur nom, leur temps et leur talent dans le but d’attirer l’attention des médias et peuvent ainsi diffuser l’éthique et la philosophie de l’UNESCO.
Exemple de Bono
En effet, cette association défend une « alliance pour la sécurité alimentaire et la nutrition » en Afrique. Rien de malsain jusqu’ici, pourtant, cette alliance permettrait à de grandes entreprises comme Nestlé, Monsanto et Cargill, entres autres, de faire main basse sur les terres africaines et de breveter leurs semences. Elle empêcherait donc les locaux d’avoir accès à leurs terres d’origine et de faire des bénéfices sur leur agriculture. Malgré tout, Bono défend cette alliance. Ce qui lui vaut les foudres de plusieurs personnalités comme Harry Browne, écrivain américain, qui en 2013 publie « The Frontman: Bono, in the Name of Power » une biographie sur le chanteur irlandais. Dans son livre, il affirme: "depuis près de trente ans, Bono, en tant que personnalité publique, amplifie le discours des élites, défend des solutions inefficaces, fait la leçon aux pauvres et lèche les bottes des riches et des puissants". Cette déclaration ne correspond pas vraiment à l’image que le chanteur s’était faite en 90, à ses débuts dans l’humanitaire. Cela laisse penser qu’au fil du temps, il s’est laissé influencer par les démons du commerce. Il déclare même que « son raisonnement est un mélange habile de colonialisme commercial et missionnaire, dans lequel les pays pauvres ne sont qu'un défi que doivent relever les pays riches ». Dures paroles, pleines d’accusations dont Bono se défend faiblement lors d’une interview de Gary Byrne en avançant que les gens se moquaient de lui mais que cela lui importait peu, car seules les actions comptent. Une réponse qui laisse planer le doute face aux véritables intentions du co-fondateur de One.